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Le risque renvoie à notre capacité à contrôler et prévoir les aléas pour maintenir et développer nos activités humaines. Le risque est une potentialité ; la crise est un événement qui renvoie justement à une perte de contrôle. Vulnérabilité, fragilité, dangerosité, incertitude, catastrophe... Les acceptions sont nombreuses et renvoient à des enjeux différents, qu'il s'agit de décrypter : de quoi parle-t-on au juste ?

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Risque, incertitude, aléa, crise, catastrophe, fragilité, vulnérabilité

Les risques ou le risque

Les risques qui nous intéressent ici sont les phénomènes existants sur les territoires :

C’est un phénomène fonction d’un aléa (caractérisé par sa probabilité d'occurrence, sa gravité, et sa durée), des enjeux présents sur le territoire, et de la vulnérabilité du territoire (Harding et al. 2001).

La définition proposée par le GIEC en 2019 est la suivante : « le risque est l'éventualité de conséquences néfastes, dont l’occurrence ou l’ampleur sont incertaines, liées à un enjeu auquel les êtres humains attachent de la valeur. » Les risques sont ainsi directement liés à la vie et l'activité humaines, et des effets négatifs que peuvent avoir les événements. Ces deux définitions cherchent à définir non pas le risque en tant que concept complexe, mais plutôt les risques en tant que phénomènes dont il faut se protéger, qu'il faut anticiper, dans une perspective à la fois politique et technique. En effet, les risques se définissent le plus souvent dans un contexte d'évaluation des risques.

Pour le GIEC, dans le contexte de l’évaluation des effets des changements climatiques, le terme risque fait référence aux « conséquences néfastes éventuelles d’aléas d’origine climatique ou des interventions d’adaptation ou d’atténuation mises en œuvre pour faire face à de tels aléas sur la vie, la santé et le bien-être des personnes, les moyens de subsistance, les écosystèmes et les espèces, les biens économiques, sociaux et culturels, les services (y compris les services écosystémiques) et les éléments d’infrastructure. » C'est donc autant les effets de l'aléa que les moyens humains utilisés pour l'anticiper et le gérer. C'est le risque dans une perspective de gestion des risques.

Mais ce qu'on appelle le risque porte des enjeux bien plus complexes et vastes, qui ne sont pas forcément associés à la catastrophe et aux conséquences désastreuses. C'est aussi un phénomène social qui renvoie à des réalités multiples :

Le risque correspond à des expériences, individuelles ou collectives, d’estimations de la venue de phénomènes futurs désirables (croissance économique) ou indésirables (catastrophes). Positifs ou négatifs, ces phénomènes sont attribués à des causes ou à des responsabilités (Etats, milieux physiques, groupes, individus, etc..) susceptibles de produire des conséquences souhaitables (bien-être économique ou social) ou préjudiciables (dommages, victimes). Jean-Gustave Padioleau (2000)

Le risque est donc lié à une évaluation rationnelle et une projection dans le futur, et se joue à différentes échelles : pour l'individu, pour le collectif, pour la société. Le risque englobe des éventualités, fluctuantes, positives et négatives : « Dans le maelström de l'action, l'homo riscus, d'un côté, devine, estime des balances d'avantages et d'inconvénients probables d'options, et, de l'autre, il juge de prendre ou de ne pas prendre des risques ».

Le passage du risque comme un phénomène propre à l'action humaine, à une perspective de catastrophe globale qu'il s'agit d'anticiper, s'explique par un changement de paradigme lié au monde moderne, qui nous aurait fait entrer dans ce qu'on appelle la « société du risque ».

La société du risque

Le sociologue Ulrich Beck montre la démultiplication des risques dans toutes les sphères de notre société de plus en plus complexe. Il nous avertit sur cette « société du risque » dans laquelle l’exposition collective aux risques devient le critère central pour définir le présent :

L’ampleur des phénomènes de complexité et d’interdépendance dans les sociétés contemporaines multiplie l’étendue et la diffusion des risques. Ulrich Beck, 1986

Le risque n'est pas une invention de la modernité, il a toujours existé et est même consubstantiel à l'activité humaine. Mais surtout à titre individuel. Beck décrit cette évolution du passé à l’époque industrielle où, en parallèle du « risque personnel » associé à l'idée de courage et d’aventure, on trouve désormais l’acceptation du risque comme une menace globale et « l’éventuelle autodestruction de la vie sur la terre ». Dans un monde complexe de plus en plus difficile à maîtriser, à comprendre, et à anticiper, le risque est alors considéré dans son acception négative, c’est-à-dire associé à la catastrophe et à la dangerosité - alors même que la société du risque se présente comme capable de maîtriser ces dits risques. Les risques en tant que phénomènes de potentielles catastrophes sur les territoires deviennent une préoccupation politique centrale pour la société. D'autant plus face aux nouveaux risques propres à la société du risque.

Les nouveaux risques majeurs et l'assurabilité

L'assurance joue un rôle central dans l'appréhension des risques depuis les débuts de l'industrialisation (fin XVIIIème siècle). En effet l'assurance a permis l'essor de la société du risque en transformant les incertitudes liées à l'industrialisation et la mondialisation en projections prévisibles, calculables, et donc assurables. Il devient alors possible de prendre un gros risque (comme envoyer un bateau pleins de marchandises à l'autre bout du monde) sans risquer de faire faillite au premier naufrage. L'assureur prend alors une place importante dans la société moderne : il est chargé de déterminer les risques, récolter les informations associées, et y apposer un coût.