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La crise est devenue un phénomène multifactoriel dont les conséquences sur les activités humaines s'intensifient. Des risques calculables causés par des aléas divers, nous passons à des événements hors-cadres qui démultiplient nos incertitudes. L'urgence est un mode d'action quasi-permanent, empêchant souvent de penser nos vulnérabilités et d'apprendre des crises. Le déploiement de technologies dans toutes les sphères de la société nous a fait entrer dans ce qu'Ulrich Beck appelle "la société du risque".

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Les crises apparaissent comme des mises en échec de cette mesure des risques. Puisque ce qu’on appelle communément une crise est la manifestation aiguë d’un désordre, d’une déstabilisation du système. Aujourd’hui, la crise apparaît comme un phénomène total et persistant : entre l’intensification et la multiplication des catastrophes en France et ailleurs, un management par l’urgence qui devient le quotidien, la représentation d’un monde en crise à toutes les échelles de la société, et une perte généralisée de repères.

« La Crise est devenue un état normal, un état permanent, ou perçu comme tel, et non plus, comme l'indiquait le sens originel, un moment d'exception. »

La crise originellement vient du grec krisis, qui signifie un moment décisif, paroxystique. Le paradigme dans lequel nous sommes est à l’inverse celui de la permanence de cet état, caractérisée donc par l’indécision. On parle alors d’une société en crise.

« Nous approchons de l'état de crise et du siècle des révolutions » Jean-Jacques Rousseau, L'Émile III

Agir dans l'urgence et l'incertitude

La crise climatique

La complexification des sociétés

« L’hyper-complexité produit par conséquent des vulnérabilités spécifiques qui se traduisent par la multiplication des incertitudes (au pluriel), qui comprennent certes les imprévus ordinaires des crises, mais empêchent également toute visibilité sur les impacts à moyen et long termes. » Magali Reghezza-Zitt

Au-delà des effets en cascade, qui sont tous les impacts plus ou moins prévisibles d'un événement, beaucoup de crises aujourd'hui sont qualifiées de multi-crises. La crise est définie à la fois par la conscience commune qu'un événement dépasse momentanément nos capacités d'agir usuelles, et par le déploiement d'actions et d'acteurs qui existent pour répondre à la gestion de l'événement. Si une crise est forcément multi-factorielle et a des impacts multiples, les métiers de la gestion de crise se voient obliger d'utiliser la notion de multi-crise lorsqu'ils doivent gérer un événement par des plans d'actions, des acteurs, et des secteurs traditionnellement distinct. Aujourd'hui, la plupart des crises majeures sont qualifiées de multi-crises : la crise sanitaire du Covid-19 s'accompagne par exemple d'une crise sociale (précarité, inégalités, chômage), d'une crise économique (fermeture d'entreprises, dette), et à long terme d'une crise politique (élections polémiques, rupture de confiance entre le gouvernement et les citoyens). La multi-crise est en fait une manière de caractériser, en fonction de nos découpages linguistiques habituels, ce qui est en fait une crise majeure, c'est-à-dire qui touche toutes les activités humaines et doit mobiliser tous les acteurs d'une société. Pour les professionnels de la gestion de crise, le multi-crise est lié au multi-aléa (par exemple un ouragan qui survient en pleine gestion d'une pandémie), et se rapproche du type de crises prévisibles face au dérèglement climatique.